TERRAIN SACRÉ

Terrain sacré : Courir sur le même sol
Peu importe ce que vous imaginiez en lisant les mots «terrain sacré», ce n'était surement pas Cedarvale Ravine. Le sentier de 7,2 kilomètres qui serpente le centre de Toronto est flanqué par des immeubles ternes et segmentés par plusieurs sections marécageuses florissantes malgré le métro qui passe sous terre et menace le paysage. On dit qu'auparavant un ruisseau murmurait par ici mais de nos jours tout ce qu'on entend c'est le gargouillement des égouts. Le ravin est le genre d'endroit où on peut facilement imaginer les enfants du coin rechercher des cadavres pendant les vacances d'été, de la façon émouvante et initiatique qu'ont les enfants quand ils recherchent des cadavres pendant les vacances d'été. Mais si Cedarvale Ravin est un écosystème aussi étrange, c'est parce que c'est le site d'une vibrante convergence d'histoires. Le sol est une archive vivante de la ville et de sa création : on retrouve dans la topographie même du ravin et à travers sa biodiversité l'histoire du déplacement forcé de ses premiers gardiens autochtones, des terres agricoles colonisées par la suite, de leurs pertes à l'urbanisation, et de la création du sentier qui demeure aujourd'hui entretenue par tant de pieds aux files des années.

La capacité qu'a la terre de contenir de multiples histoires en même temps est-ce qui permet à une oasis urbaine de déchets comme Cedarvale Ravine d'inspirer néanmoins une certaine révérence. Sur le même sentier, à différents moments dans le temps, des jardins poussent, des renards échappent aux chasseurs, des motos font la course, Hemingway rêve d'être à Paris, et moi je prétends être coureuse pour impressionner le directeur de mon département. C'a commencé par un mensonge à moi-même, au moment où j'ai décidé de joindre l'équipe de mon département pour la Course à la vie CIBC, n'ayant jamais couru pour ou contre quoique ce soit, seulement loin de choix d'innombrables. Mais voilà que je me trouve dans une nouvelle ville, prête à commencer un doctorat, et devenir coureuse me paraissait comme la prochaine étape logique pour une personne qui prend sa vie en main. Voici ce que représente les coureurs pour moi : les autres, des gens plus ambitieux, avec des joues constamment rougeâtres grâce à toutes leurs décisions de vie saines. Mais ce jour-là, sur ce sentier, je faisais partie de ces gens, malgré ma décision de manger ce matin pas une, pas deux, mais trois gaufres. Le directeur ne sait jamais rappelé de mon nom après cette journée d'entraînement, mais j'ai rencontré une nouvelle version de moi : quelqu'un qui peut manger trois gaufres (OK quatre) et quand même courir. Je n'avais jamais pensé que le cours pourrait être une occasion de réinvention personnelle. Il est particulièrement approprié que cette révélation soit lieu sur un sentier avec une histoire en perpétuel mouvement.
Holy Terrain , le premier chapitre de 2022 pour PRAISE ENDURANCE , rend hommage aux histoires uniques qui racontent comment les gens sont tombés en amour avec la course, à travers de l'équipement conçu pour les terrains partagés où ces histoires se déroulent en synchronisation sacrée. Que vous couriez pour vous mettre en forme, pour rester en forme, pour méditer, pour vous soulager du stress, pour vous dépasser, ou pour éblouir une vieille critique littéraire britannique, chaque pas donne un nouveau rythme à votre histoire et la raccorde à celle du terrain sous vos pieds. Ces témoignages sont électrisants, poétiques, tordants, charmants, inhabituels, même parfois déchirants; ils vibrent d'émotions, libérées par le fait de courir sur la même terre, et reposant des corps divers, à travers différentes périodes et cultures, sur la même onde. Ces récits transforment non seulement le terrain, mais aussi ceux qui les content, ceux qui les écoutent, et les communautés dans lesquelles ils circulent. PRAISE a récemment eu le privilège de participer à une de ces transformations qui se passent en ce moment même dans la ville de Mexico, où l'histoire envoutante de sa culture de la course est écrite par chaque pied par terre, donnant de la magie aux rues. En échange de ces histoires, de les leçons de vie, pour l'amitié, et pour l Mezcal exceptionnel, nous dédions Holy Terrain à vous, CDMX.

Heureusement, l'endurance du Mexique est profonde, ancrée dans la terre même. Dans la ville de Mexico en particulier, cette histoire d'endurance est inscrite sur le terrain. En tant qu'une des villes les plus vieilles et plus peuplées d'Amérique du Nord, la métropole illustre parfaitement le lien tangible entre les gens et la terre. Les variés de Mexico ont préservé les récits de ceux qui ont donné forme à ce terrain au cours de milliers d'années : les ruines de la ville sainte de Teotihuacán continuent de dévoiler les secrets d'anciennes civilisations ; le bassin de la ville de Mexico et son lac disparu témoignent de la politique meurtrière de l'eau, un document géologique qui parle d'époques de conquête, de colonisation, de révolution et de crise climatique ; et les volcans Popocatépetl et Iztaccíhuatl, qu'on aperçoit de la ville, sont les emblèmes d'un terrain et d'un peuple nés du feu et fondés par les éruptions. Parce qu'avant tout, les ruines, le bassin, les volcans, le peuple, la terre tremblante—tout demeure et se partage un héritage d'endurance qui laisse de profondes traces. Le poète José Emilio Pacheco a décrit de façon émouvante la ville de Mexico comme une ville mémoire, évoquant un monde flou de souffrance et de beauté aimée et protégée férocement par ses habitants. Donc ouais, le Mexique est capable de faire face aux tweets stupides de Trump et Jax Taylor plein de margaritas.

La culture de course, dont PRAISE a témoigné que d'un fragment pendant qu'elle continue de croirere et d'être écrite, s'appuie, comme beaucoup de la vie dans la ville de Mexico, sur une idée du partage, que ça soit le partage des rues, le partage de la nourriture et de la boisson, ou partager des moments ensemble. Pour les visiteurs, la course permet d'avoir une connexion immédiate à l'ouverture et à la générosité des habitants de la ville de Mexico. S'il vous arrive d'aller courir à l'aube, vous avez de très fortes chances de croiser Sindo et la grande équipe de course DROMO . DROMO est une équipe de course à CDMX parmi plusieurs et elle incarne l'engagement, l'endurance, et la beauté que le groupe de PRAISE a constaté dans toute la ville. L'attitude hyper positive de la communauté de course à CDMX est surprenante mettant en valeur les sacrifices qu'il faut faire pour aller courir avant 6AM, tel qu'une vie nocturne moins animée, des dîners tôt, ainsi que beaucoup de planification et de préparation. Par-dessus tout, voir les résultats tous ces sacrifices sur votre corps et dans votre pratique de course prend beaucoup de temps. En revanche, certains gains sont plus immédiats et peut-être même plus significatifs, comme découvrir sa force mentale et physique, et bénéficier de la force des autres. La course peut se faire seule mais, comme nous avons démontré les confinements durant la pandémie, l'énergie collective d'une communauté de gens née à différentes époques, travaillant dans des domaines différents, abordant la course sous différents angles, uni purement par un amour de la course, peut vous faire sentir que tout est possible. Dans une ville très peuplée, une passion commune pour la course permet à des inconnus de se rencontrer.

Courir parait très différent vue de l'extérieur, mais si vous baissez la garde et cédez à son charme dans la ville de Mexico, vous serez récompensé par une meilleure compréhension de ses quartiers colorés, ses parcs, ses aurores, et ses gens remarquables. Ceci n'est que quelques leçons que la ville de Mexico à offrir au monde, à une époque où la pandémie a créé tellement d'espace entre les gens et les communautés où l'air est irrespirable. Leur communauté de course nous rappelle qu'aucune distance n'est trop importante et aucun espace impossible à imaginer de nouveau. Les récits qu'on raconte à propos des terrains où on court déterminent notre sentiment d'appartenance, et on appartient à tous au même sol. PRAISE tient à exprimer son immense gratitude à CDMX de nous avoir permis de faire partie de ce chapitre dans leur histoire de course. Leur récit nous a redonné vie et on est impatient d'y retourner. CDMX, vous méritez nos éloges. ¡ Salut!